- Le sable fin, le soleil et l'eau. ~ [Pv Testu Fukai.]

Je me dirigeais vers l'école, grignotant un pain au chocolat tout en faisant flotter un harmonica -que je venais d'acheter- à une dizaine de centimètres de moi. Ma télékinésie ne me servait pratiquement qu'à ce genre de tâches, c'était comme avoir un troisième bras.
Soudain, Bulle prit de la vitesse, ce qui me fit sursauter.
"Bulle? Tu vas où, là? ... Bulle?!"
Je me mis à courir derrière lui, agacée. C'était l'une des rares fois qu'il me faisait faux bons sans explications, et je me dis qu'il avait sûrement senti la présence d'autres kudan.
Bulle était toujours comme ça quand il s'agissait de ses semblables, imprévisible.
Je courus ce qui me parut être une éternité, quand il bifurqua vers l'entrée de la plage. J'enlevai furtivement mes chaussures et les laissai flotter à mon dos pour plonger dans le sable, essayant de ne pas perdre mon kudan de vue.
"Buuuuuulle arrêteuh!"
Un peu plus loin, je vis une personne assise sur le sable, et des kudans jouer à quelques mètres de lui, dans l'eau. Bulle fonça vers cette personne, la salua vite fait et alla vers ses semblables.
Arrivant enfin, je repris l'harmonica en main et le glissai dans ma poche, puis laissai tomber les chaussures sur le sable. J'étais essoufflée. Je posai un regard gêné sur l'homme assis, et remarquai qu'il avait une peluche en mains.
"Dé...désolée, mon kudan m'a fait des siennes. J'espère qu'il ne vous a pas trop dérangé."

Il ne me regarda pas tout de suite, mais arbora un sourire tout en finissant de coudre la peluche. Je sursautai légèrement quand elle se mit à bouger. Etait-ce le résultat d'un charme? Elle gambada vers le groupe, et je surpris Bulle à taquiner le deuxième kudan, lui qui d'ordinaire était si sage!
- Pas de problème, il veut seulement jouer. Et comme Dahem et Jellye ne peuvent pas aller dans l'eau, Totoro était ennuyé, maintenant, c'est chose réglée!
Il lançait un regard tendre vers les peluches et les kudans, ce qui m'arracha un sourire ravis. J'essayai de déterminer son âge, peine perdue.
Il avait l'air jeune, mais pourtant dégageait tant de maturité que j'hésitai à le qualifier d'étudiant.
Prudemment, je m'assis sur le sable, faisant attention à ce que ma robe ne se hausse pas, et ramenant mes genoux contre moi. Je n'osais pas observer celui à coté de moi, on ne sait pourquoi. Pour cela que je ne lâchais pas Bulle du regard. Une question commença à me turlupiner, et je cédai à ma curiosité:
"C'est bien vous qui donnez vie à ces peluches? Vous les avez créées?"
Je tournai doucement la tête vers lui, hésitante.

- C'est bien vous qui donnez vie à ces peluches? Vous les avez créées?

J'eus un sourire à sa question, j'aimais l'expression "Donner la vie". Plutôt que lui répondre, je sortis une peluches d'oiseau de mon sac et quelques secondes après, elle pris son envole. Mon regarde suivit les battement d'ailes encore quelques secondes puis vins se poser sur la jeune fille assis près de moi. C'était une "enfant" frêle et pas très grande. Ses cheveux blancs se soulevais légèrement à chaque passage du vent. Elle semblait intimidée, et ses yeux bleues évitaient les miens.

- Oui, je les créées puis leur offre la vie. Ce sont un peu mes enfant.

Je ris un peu en imaginant que toutes mes peluches puissent m’appeler "Papa". Je pense que j'aurais très vite les nerfs à fleur de peau avec un tel nombre d'enfant joueur et plein de bêtises. Bientôt l'oiseau en tissu revint près de nous et se nicha dans le sable pour profiter de la chaleur. De même, les chats ainsi que Totoro revinrent vers nous en courant. Les jumeaux se joignirent à l'oiseau et Totoro vint prendre quelques biscuit dans sa sacoche, il pris l'un des ses gâteaux qu'il proposa poliment à la jeune fille.

Il sourit une deuxième fois, ses yeux noisettes pétillaient tandis qu'il sortit une petite peluche en forme d'oiseau pour la faire voler bien haut. Je ne la quittai pas des yeux, fascinée. De loin, l'on aurait dit un vrai volatile.
- Oui, je les créées puis leur offre la vie. Ce sont un peu mes enfant.
Il lâcha un rire cristallin, et nous vîmes l'oiseau revenir pour se nicher dans le sable, suivi des deux autres peluches. Bulle, qui était aux anges, revint vers moi, un coquillage entre les pattes. Je le félicitai du regard, contente du cadeau. Le kudan vint vers moi, me tendant poliment un biscuit. Je lâchai un "Merci." tout en croquant dans la gâterie, pour la finir en deux bouchées. Puis me retournai vers le propriétaire, un immense sourire aux lèvres.
"Je peux, comme vous, insuffler la vie. Mais à autre chose!"
Je sortis mon carnet et mon stylo de ma poche pour gribouiller vite fait un dessin de l'homme -ne connaissant même pas son prénom, je préférais l'appeler ainsi-, en entier. Cela devrait faire l'affaire, si je me concentrais bien. En quelques secondes, le dessin sortit de la feuille, la tête la première, puis tout entier. C'était la copie conforme de l'original, ce qui me ravit. J'avais fait des progrès. Le dessin s'étira soigneusement devant moi, puis, un sourire aux lèvres, dit: "C'est qu'il y a du sable, ici!"

Il marqua une pose, m'observant longuement, les yeux brillants. Enfin, il finit par se prononcer:

- C'est génial, j'aimerais avoir des élèves comme toi, tu sembles maîtriser ton pouvoir d'une bonne façon et ta gentillesse saute au yeux; mes peluches ne peuvent pas parler, alors c'est étonnant que ton dessin le puisse!

Il était donc professeur, je ne m'étais pas trompée. Je souris timidement, flattée, mais je me repris de suite:

"Eh bien, il y a quelques conditions. Ce clone que vous voyez là ne peut agir de façon exacte, car je n'ai pas d'informations suffisantes sur vous pour les lui insuffler. Mais bien sûr, je peux ajouter de l'imaginaire, par exemple, je peux lui faire aimer les pan-cakes, ce qui pourrait être un plat que vous n'aimez pas. Et aussi, mes dessins ne restent pas beaucoup de temps en vie, environ cinq minutes. Au début, je ne dépassais pas les trente secondes. Je peux les recréer autant de fois que m'en vient l'envie, mais ce n'est pas la même chose. Et puis, ça risque de me fatiguer..."

Comme pour illustrer mes dires, le clone fit un petit bye bye de la mains, et se volatilisa immédiatement.

"Il faut que je m’entraîne, après tout."

Je me remis dans la contemplation de la mer, puis fermai les yeux, laissant la brise me caresser le visage. La compagnie de l'homme n'était pas étouffante, et je me sentais étonnamment à l'aise. Tout était paisible.